Une exaspération mêlée de colère gagne une partie grandissante de locataires de la résidence Pont-de-Madame et de propriétaires de la résidence Pin-Galant, issue du même ensemble.
Pour la tranquillité de tous, on en est rendu à sortir tout ce qui fait qu'une résidence est agréable.Divers courriers adressés tant au bailleur Domofrance qu'à la mairie ou aux forces de l'ordre dénoncent à chaque fois la même litanie de mots et de maux : agressions verbales et physiques, présence de groupes de jeunes dans les halls d'immeuble, intimidations, trafic de drogue, insultes, couloirs souillés, vitres brisées, rodéos sauvages, etc. Sans compter les grillades sur une table de jeu l'été dernier ou la transformation d'une aire de jeux pour enfants en point de rendez-vous. « Des bancs tagués ont été supprimés. Pour la tranquillité des uns et des autres, on en est rendu à sortir tout ce qui fait qu'une résidence est agréable. Un comble… », lâche Brigitte Laurent, membre du conseil syndical des copropriétaires.
Près de 400 logements
Danièle Stancill, qui préside cette même instance, dresse un constat identique. Et Jean-Louis Hugues, responsable du groupement des locataires CLCV de la résidence, d'ajouter : « Il y a eu une accalmie en 2014 consécutive à de grosses interventions policières, avec des arrestations à la clé. Cependant, la situation s'est à nouveau détériorée l'année suivante. »
Située en plein centre-ville, la résidence Pont-de-Madame, gérée par Domofrance, témoigne de l'architecture des grands ensembles des années 70. Elle totalise près de 400 logements, dont certains ont été placés en accession sociale à la propriété. Les Mérignacais qui y habitent lui trouvent plusieurs atouts : présence de vastes espaces, proximité avec les commerces, les écoles et les structures culturelles (Pin Galant, médiathèque et MJC du centre-ville). Enfin, l'extension de la ligne A du tramway passe tout à côté.
Malgré cette localisation enviable, la plupart des copropriétaires craignent une dévaluation à terme de leurs biens. D'aucuns pointent l'inaction, voire l'impuissance, des instances censées assurer leur tranquillité. Pour Jean-Louis Hugues, l'irritation à son comble pourrait un jour pousser certains à vouloir faire la police par eux-mêmes. Jean Castaing, représentant de l'Union locale de Mérignac (CLCV), reconnaît que Pont-de-Madame n'est pas un cas unique en Gironde. Il attend toutefois une prise de conscience des instances compétentes. « Des gens ne supportent plus leurs conditions de vie et demandent leur mutation à cause de ces fauteurs de troubles. Cela n'est pas acceptable », peste-t-il.
Pas de solution miracle
Le maire Alain Anziani ne cherche pas à minimiser le problème. « Je vais souvent sur le marché le samedi et des habitants m'interpellent régulièrement », avoue-t-il. L'édile a pris également la température sur place, il y a quelques mois, accompagné entre autres par des représentants des forces de l'ordre et de Domofrance.
Il n'y a pas, selon lui, de solution miracle mais un panel de mesures à mettre en œuvre. « En termes de prévention, il faut surtout agir auprès des jeunes de moins de 14 ans. Ce sont les plus réceptifs. » Parmi les solutions d'accompagnement proposées par l'État, il y a le conseil citoyen. « Une instance de ce type vient d'être mise en œuvre pour Yser et Pont-de-Madame qui sont deux quartiers prioritaires », précise le maire, citant par ailleurs la construction récente du city stade près de Robert-Brettes qui correspond à une demande locale.
Au-delà des pistes explorées en lien avec Domofrance, Alain Anziani n'oublie pas le volet répressif. « Il faut absolument que la police nationale ait les moyens d'intervenir. Cela n'a pas été tellement le cas pendant l'Euro. Mais il y a eu par le passé pas mal de coups de filet. Il faut continuer. Si les délinquants ont constamment l'impression d'être dans le collimateur, ils passeront à autre chose. »
Malgré cette localisation enviable, la plupart des propriétaires craignent une dévaluation à terme de leurs biens