Association Défense Des Résidents Des Quartiers Bordeaux-Métropole

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MERIGNAC ( 33 ) : DES JEUNES SEMENT L'INSECURITE A PONT-DE-MADAME

Mérignac (33) : des jeunes sèment l'insécurité à Pont-de-Madame

 

La résidence Pin-Galant et la résidence Pont-de-Madame font partie de la même entité architecturale.La résidence Pin-Galant et la résidence Pont-de-Madame font partie de la même entité architecturale.  

 

 

 

Locataires et de propriétaires de ce vaste ensemble immobilier situé en centre-ville expriment leur malaise face au comportement de certains groupes de jeunes. Ils tirent la sonnette d’alarme.

Une exaspération mêlée de colère gagne une partie grandissante de locataires de la résidence Pont-de-Madame et de propriétaires de la résidence Pin-Galant, issue du même ensemble.

Pour la tranquillité de tous, on en est rendu à sortir tout ce qui fait qu'une résidence est agréable.Divers courriers adressés tant au bailleur Domofrance qu'à la mairie ou aux forces de l'ordre dénoncent à chaque fois la même litanie de mots et de maux : agressions verbales et physiques, présence de groupes de jeunes dans les halls d'immeuble, intimidations, trafic de drogue, insultes, couloirs souillés, vitres brisées, rodéos sauvages, etc. Sans compter les grillades sur une table de jeu l'été dernier ou la transformation d'une aire de jeux pour enfants en point de rendez-vous. « Des bancs tagués ont été supprimés. Pour la tranquillité des uns et des autres, on en est rendu à sortir tout ce qui fait qu'une résidence est agréable. Un comble… », lâche Brigitte Laurent, membre du conseil syndical des copropriétaires.

Près de 400 logements

Danièle Stancill, qui préside cette même instance, dresse un constat identique. Et Jean-Louis Hugues, responsable du groupement des locataires CLCV de la résidence, d'ajouter : « Il y a eu une accalmie en 2014 consécutive à de grosses interventions policières, avec des arrestations à la clé. Cependant, la situation s'est à nouveau détériorée l'année suivante. »

 

Située en plein centre-ville, la résidence Pont-de-Madame, gérée par Domofrance, témoigne de l'architecture des grands ensembles des années 70. Elle totalise près de 400 logements, dont certains ont été placés en accession sociale à la propriété. Les Mérignacais qui y habitent lui trouvent plusieurs atouts : présence de vastes espaces, proximité avec les commerces, les écoles et les structures culturelles (Pin Galant, médiathèque et MJC du centre-ville). Enfin, l'extension de la ligne A du tramway passe tout à côté.

Malgré cette localisation enviable, la plupart des copropriétaires craignent une dévaluation à terme de leurs biens. D'aucuns pointent l'inaction, voire l'impuissance, des instances censées assurer leur tranquillité. Pour Jean-Louis Hugues, l'irritation à son comble pourrait un jour pousser certains à vouloir faire la police par eux-mêmes. Jean Castaing, représentant de l'Union locale de Mérignac (CLCV), reconnaît que Pont-de-Madame n'est pas un cas unique en Gironde. Il attend toutefois une prise de conscience des instances compétentes. « Des gens ne supportent plus leurs conditions de vie et demandent leur mutation à cause de ces fauteurs de troubles. Cela n'est pas acceptable », peste-t-il.

Pas de solution miracle

Le maire Alain Anziani ne cherche pas à minimiser le problème. « Je vais souvent sur le marché le samedi et des habitants m'interpellent régulièrement », avoue-t-il. L'édile a pris également la température sur place, il y a quelques mois, accompagné entre autres par des représentants des forces de l'ordre et de Domofrance.

Il n'y a pas, selon lui, de solution miracle mais un panel de mesures à mettre en œuvre. « En termes de prévention, il faut surtout agir auprès des jeunes de moins de 14 ans. Ce sont les plus réceptifs. » Parmi les solutions d'accompagnement proposées par l'État, il y a le conseil citoyen. « Une instance de ce type vient d'être mise en œuvre pour Yser et Pont-de-Madame qui sont deux quartiers prioritaires », précise le maire, citant par ailleurs la construction récente du city stade près de Robert-Brettes qui correspond à une demande locale.

Au-delà des pistes explorées en lien avec Domofrance, Alain Anziani n'oublie pas le volet répressif. « Il faut absolument que la police nationale ait les moyens d'intervenir. Cela n'a pas été tellement le cas pendant l'Euro. Mais il y a eu par le passé pas mal de coups de filet. Il faut continuer. Si les délinquants ont constamment l'impression d'être dans le collimateur, ils passeront à autre chose. »

Malgré cette localisation enviable, la plupart des propriétaires craignent une dévaluation à terme de leurs biens

Domofrance étudie plusieurs pistes

 

David Bisbal, directeur de la gestion locative de Domofrance, reconnaît que le contexte n’est pas simple. Depuis 2012, « les hauts et les bas » se succèdent à Pont-de-Madame.

Face à cette situation, plusieurs pistes sont à l’étude. Certaines relèvent d’une logique à court terme, d’autres ouvrent des perspectives plus lointaines. Le bailleur a ainsi fait appel à un bureau d’études afin d’évaluer la pertinence de supprimer les entrées traversantes. « Il y a actuellement sur chaque bâtiment des issues à l’avant et à l’arrière, ce qui ne facilite pas le travail des forces de l’ordre lors des interventions. »

Toutefois la condamnation pure et simple d’accès secondaires pourrait se heurter à des contraintes de sécurité en cas d’incendie. Notamment sur les bâtiments de dix étages et plus. « Il faut donc y réfléchir en bonne intelligence avec les services de secours. » Dans les entrées qui s’y prêtent le moins, Domofrance pourrait opter pour la vidéosurveillance. Selon David Bisbal, ces deux leviers pourraient se conjuguer d’ici la fin de l’année.

Procédure de déclassement

Dans un horizon plus éloigné, le gestionnaire du parc social entend contrarier l’organisation des trafics en agissant sur le réseau viaire. Une des actions envisagées consisterait de fermer la rue Pont-de-Madame. Appartenant à la Métropole, cet axe présente deux débouchés au nord et au sud de la résidence. En coupant la circulation en son milieu, cette rue serait scindée en deux impasses qui conserveraient, chacune, leur vocation de desserte. Seulement voilà, cette modification nécessite une procédure de déclassement. De publique, la voie segmentée deviendrait privée et son entretien changerait de mains.

Bien que complexe, ce tour de passe-passe ne suscite pas l’hostilité des parties prenantes, loin s’en faut. Surtout si son efficacité est avérée. Toutefois, sa traduction concrète prendra des années.

Sous-ensembles immobiliers

Autre solution possible à plus ou moins long terme : la transformation en profondeur du maillage de circulation à l’intérieur de la résidence. Objectif : essayer de créer trois sous-ensembles immobiliers avec des espaces extérieurs plus petits. Ce « projet de résidentialisation » vise in fine à mieux réguler les déplacements des piétons et des véhicules. Et à limiter les échappatoires pour les délinquants venant s’approvisionner ou vendre des stupéfiants. Là encore, dans le meilleur des cas, ce projet ne verrait pas le jour avant la fin de l’année 2017.

Par ailleurs, David Bisbal assure que Domofrance a commencé à faire de la « sensibilisation » auprès de certains habitants. « Mais nous n’avons pas actuellement d’éléments concrets nous permettant de faire des rappels au règlement intérieur en ciblant précisément les familles à l’origine des troubles. Sans ces preuves factuelles qui relèvent de la police nationale ou du procureur, nos demandes de condamnation en justice seraient vouées à l’échec. Les juges les rejetteraient. »

Publié le 19/07/2016 Olivier Delhouneau

 



20/07/2016
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